S2
episode 3
Anges
contre démons
Crossover Earth Redemption
/ Malhal
Ecrit par Aca
et Jade
AVERTISSEMENT : Cette histoire n’aura
d’impact
que sur
Une
détonation se fit entendre, puis une seconde.
Julie
leva incrédule les yeux vers Janna. Celle-ci se
trouvait debout, les yeux écarquillés. Elle baissa les
yeux vers son thorax et
constata la petite tâche rouge qui s’étendait sur sa
veste blanche. Julie se
leva et la rattrapa à temps avant qu’elle ne tombe.
«
Mon dieu, non, pleura-t-elle.
-
Et bien, on peut dire que cette fois ta mère a fait fort.
Je savais bien qu’elle m’avait éloignée de
Malhal pour se débarrasser de moi.
Elle va te mettre ça sur le dos, tu peux en être certaine.
-
Non, ce n’est pas possible ».
Julie
pleurait à chaudes larmes. Elle regarda celle qui
l’avait formée pendant si longtemps et s’essuya les
yeux. Son teint commençait
à pâlir. Elle tourna la tête vers l’origine de
la détonation et vit un homme
s’enfuir en courant.
24 heures avant
New York.
Elle
avait vu et lu tellement de choses sur cette ville.
Entre dépravation et beauté incontestable, le
mélange était délicieux. Face à
la mer, elle laissait le vent s'engouffrer dans son épaisse
chevelure aux
reflets dorés.
Avant
tous les évènements, Julie avait toujours voulu venir
ici. Mais Malhal avait mis un terme à ses rêves d'enfant
de façon brutal et lui
avait fait découvrir un monde sombre mais si alléchant.
Le mal n'est qu'un
point de vue quand on y réfléchit. Mais elle avait du
fuir, la France n'était
plus un pays sûr pour elle à présent. Et venir aux
Etats-Unis n'avait pas été
de tout repos. Si Malhal lui avait appris une chose, c'était que
rien n'était
impossible. Elle avait donc pris son courage à deux mains et
s'était fait faire
des faux papiers. Son visage était encore célèbre
dans les bas fonds parisiens.
Malhal et elle y avaient sévi un temps et sa simple vue faisait
trembler les
plus téméraires. Et c'était ainsi qu'elle avait
atterri à New York. Les
quelques
Diana
sortit de la petite
boutique colorée, un large sourire traversant son visage. Comme
elle avait bien
fait de jouer à
Elle
marchait tranquillement sur la grande avenue
surplombée de buildings, laissant aller ses pensées
à leurs fantaisies. Même en
ayant Central Park, comment vivre éternellement dans cet
environnement bétonné,
ces grandes bâtisses osant interférer avec le soleil
lui-même, empêchant ses
rayons de s’abattre sur le sol. Diana
rêvait d’une
vie au vert, sa femme à ses côtés, une ribambelle
de marmots riant sous le
porche d’une maison qui n’aurait pas sa jumelle quelques
mètres plus loin. La
vie, la vraie… Elle sourit à cette idée babacoolesque
et ne vit pas l’obstacle qui lui fonçait dessus.
L’impact ne put être évité et
elle heurta violemment l’épaule d’une jeune femme
qui tomba en arrière.
Elle-même sembla très surprise par l’impact.
« I’m
sorry, are you alright ? », s’empressa de
demander Diana en s’agenouillant près de sa victime.
Celle-ci poussa une mèche
de ses cheveux dorés et regarda la jeune femme qui était
à l’origine du choc.
«Don’t
worry, it’s OK, I
was out of my mind, se contenta de répondre l’inconnue.
Diana
esquissa un sourire en
reconnaissant le typique accent français, très
prononcé chez sa nouvelle amie.
«
Je suis désolée, puis-je vous offrir un café ? dit
-
Très volontiers », répondit simplement
l’étrangère.
Elles
s’installèrent donc ensemble à une petite table au Starbuck Coffee qui faisait l’angle de
«
I didn’t even
introduce myself : my name’s Diana
-
Enchantée, I’m Julie. I am sorry, I didn’t look
where I
was going!
-
It doesn’t matter,
le mal est réparé. So tell me, what brings you to
-
Business, s’empressa de dire Julie. I’m
… a singer » enchaîna-t-elle aussi sec.
Julie
n’arrivait pas à se concentrer. Cette fille la
regardait avec tellement de sincérité et de bonté
que son cœur allait chavirer.
Elle n’avait pas été regardée comme
ça, avec les yeux de l’innocence, depuis si
longtemps…
«
You seem to be lost,
disorientated, dit soudain Diana, coupant Julie dans ses pensées.
-
Oh… well actually I’m
a little bit lost down here. I don’t know anyone and…
-
Don’t worry,
-
Honestly… I don’t, répondit Julie, penaude.
-
That’s set, you’ll
stay with me tonight, répondit Diana dans un sourire.
Let’s
move».
Dans
ses quartiers de Manhattan, Georges Kartheiser
se prélassait devant un excellent martini blanc,
surmonté de sa jeune olive. Les marchés financiers
pouvaient bien attendre
quelques heures. Même s’ils avaient fait sa fortune,
à quoi pouvait servir sa
vie s’il ne passait pas un peu de temps à la dilapider en
petits plaisirs
personnels et parfaitement égoïstes.
Mais
son moment de quiétude allait bientôt être
interrompu
par un coup de fil inattendu. La sonnerie stridente résonnait
dans tout
l’appartement qui bien entendu était immense.
«
Hold on a second, I’m
coming, I’m coming ».
Il
se rendit nonchalamment jusqu’au petit corridor
d’entrée, dans lequel se trouvait le petit
téléphone à touches en bois
d’ébène.
Il posa son verre et décrocha.
«
You'd better have
something important to say.
-
Je le pense en effet », répondit la voix au bout du
téléphone
Le
sang de Georges ne fit qu’un tour. Il se retint de
tomber et se rattrapa sur la petite table. Dans sa demi chute, il fit
voler en
éclat le petit verre rempli de Martini blanc.
«
Je constate que je vous fais toujours autant d’effet M. Kartheiser, reprit la voix féminine, avec
un soupçon de
fantaisie.
-
Madame Derekja… je… heu… je ne m’attendais
pas à votre
coup de fil, répondit-il en bredouillant avec un fort accent
américain. Que me
vaut la joie de votre appel ?
-
Allons allons, comme si j’avais besoin d’une raison pour
vous appeler mon cher Georges. Puis-je vous appeler Georges à
propos ?
-
Je vous en prie, faites donc, répondit-il sur la
défensive.
-
Bon ces formalités sociales étant à présent
réglées, je
voudrais solliciter votre aide.
-
A quel sujet ?
-
Au sujet d’une fille, en l’occurrence ma fille, qui se
trouve actuellement dans la belle ville de New York. Je souhaiterais
plus que
vivement la retrouver.
-
Très bien. Et de quelle manière puis-je vous aider ?
-
Je vais vous envoyer une personne de confiance, vous
devrez la traiter comme s’il s’était agit de moi, me
comprenez-vous M. Kartheiser. Pour cela,
vous mettrez à sa disposition tous
les fonds nécessaires.
-
Mais…
-
Un problème M. Kartheiser ?
demanda-t-elle d’une façon tellement rhétorique
qu’il n’y avait aucune
équivoque sur la réponse attendue.
-
Non Madame, il en sera fait comme vous le désirez,
abdiqua-t-il.
-
Bien. Elle est déjà en route. Elle devrait arriver par le
premier avion demain matin. Je vous serais gré de bien vouloir
l’accueillir à
l’aéroport.
-
Entendu Madame, dit-il, résigné.
-
Bien merci beaucoup M. Kartheiser,
nos conversations sont un plaisir sans cesse renouvelé. A
propos, ramassez tout
ce verre qui jonche votre sol, il ne faudrait pas que vous vous
blessiez ! Au
revoir mon brave Georges ».
Et
ce fut tout, la voix au bout du téléphone avait disparu.
Georges resta un instant interdit, prostré sur place et jeta un
coup d’œil au
verre brisé ainsi qu’à la flaque de Martini qui
tâchait son petit tapis
oriental. Comment avait-elle su ?
«
Welcome home ! Actually
my girlfriend’s and I home since I got back my parent’s
lease.».
Elle
était donc lesbienne, mais en couple. Tant pis pour
Julie, elle avait trouvé cette jeune fille charitable
particulièrement
séduisante. Pourquoi s’entichait-elle toujours de filles
impossibles à avoir :
une hétéro foudroyée par la mort, un démon
millénaire, et maintenant une
superbe fille en couple. La vie semblait se jouer d’elle et elle
n’aimait pas
ça outre mesure.
«
Diana, can I ask you
something ? dit-elle soudain.
-
Sure, go ahead. What’s
going on? répondit Diana.
-
Don’t you think your
girlfriend will be a little bit upset finding a perfect stranger in her
flat?
-
Of course not,
répondit-elle immédiatement, she’s really nice,
you’ll love her, I’m positive. Besides,
this is not her home but ours.
-
Ok, if you say so…”.
Julie
n’était pas persuadée que l’argument de son
hôtesse
tenait
De
toutes façons, elle allait être fixée très
rapidement
puisque le bruit d’une clef se fit entendre dans la serrure du
petit
appartement. La « girlfriend »
était rentrée…
C'était
une jolie blonde au visage paisible et pourtant
joyeux tout à
Tout
simplement craquante en somme.
- Hi honey, l'accueillit Diana
en allant l'embrasser. How did it go ?
- Fine
actually, Tam is a really
good teacher, she...
Sa
petite amie leva la main pour la faire taire et le plus
discrètement possible, désigna une silhouette humaine
debout derrière elle.
- Oh ! comprit
Lauren.
Elle
ne se souvenait pas avoir déjà vu cette jeune fille
quelque part et se demanda s'il s'agissait d'une amie de Diana.
- This is
Julie. She’s french...
she’ll stay here tonight.
- No problem, répondit Lauren
en haussant les épaules.
Elle
adressa un petit sourire à la nouvelle venue mais
lorsque celle-ci le lui rendit, une sensation de malaise s'empara de
tout son
corps. Elle tenta de l'ignorer et d'engager la conversation avec la
jeune
française.
- Well, Julie,
how long have you
known Diana? How did you two meet?
- For...
a couple of hours actually. I hit Diana - oh, it
was an accident- then she payed me a coffee and...
- And she
invited you here...
termina Lauren, la voix soudainement atone.
Son
mal être ne disparaissait pas. Quelque chose dans l'âme
de cette fille lui semblait... abîmé. Noirci. Elle se
tourna vers sa petite
amie :
- Can I
talk to you for a second ?
- Sure !
Elle
entraîna alors Diana dans
leur chambre et lança un sourire d'excuse à Julie avant
de refermer la porte.
- What’s
wrong ? s'enquit la
brune.
- Nothing.
Actually…there’s
something wrong ! You bring here a very important friend you know
for… a couple
of hours, is that right?
Le
cynisme n'était pas monnaie courante dans le langage de Lauren. Diana comprit qu'elle était
vraiment contrariée.
- Listen,
she’s all alone in the
big city, and it’s very dangerous, isn’t it ? This is only for one
single night.
Lauren
se mordit la lèvre
inférieure, comme chaque fois qu'elle était tendue.
- Diana,
it’s not as if you were
bringing here a lost dog found I don’t know where in the street.
Who knows who
that girl really is ?
- Why
wouldn’t she be a really nice
one ?
- Excuse me
for being upset, but
that’s true after all, you just bring here perfect strangers
without even
thinking for a second about asking me my opinion!
- She
seemed so lost… you sure would have done the same.
- Diana, do
you even know her last
name ?
La
jeune fille baissa les yeux un instant.
- Okay, maybe
I’ve been acting
without thinking.
- And
that’s exactly what’s
upseting me ! I love you being spontanious, that’s something I
like about you
but there’re lines you can’t cross!
Ce
fut au tour de Diana de
dévisager sa compagne avec un air intrigué.
- There is
something else, right ?
You’re always the first to help people, whether you know them or
not, it doesn’t
matter to you, and that’s also somthing I love about you. And
now… I don’t
know, I don’t recognize you. What’s wrong?
Elle
s'interrompit d'elle même et un éclair passa dans ses
yeux.
- You’re
not jealous, aren’t you ?
Lauren
lui prit la main et la fit
s'asseoir avant de faire de même
- I’m
not, Diana, I’m just scared.
With Cassandre having eyes and ears everywhere, this guy from the
Dôme
appearing, and what’s going on with me…I’m scared
all the time and seeing you
bringing this girl here...I felt something really strange about her.
Oh
! C'était donc ça... Diana
ne
s'était pas encore totalement faite à l'idée que
sa petite amie ait acquit de
nouvelles... facultés. Elle passa la main dans les cheveux
emmêlés de Lauren pour
l'apaiser.
-
What exactly did you feel?
Do you think she may be dangerous?
-
I don’t know…she seems
so scared. As if there was something after her.
-
Then maybe we should
help her, shouldn’t we?
Lauren
secoua la tête.
-
Maybe but…something
doesn’t fit, as if she was... herself but apart from herself, I
don’t know if
you see what I mean?
-
Actually… I don’t.
-
What I’m feeling about
her… it’s close to what I can feel about Lucie now that
Cassandre is in her
body.
Le
regard déterminé, Diana
acquiesça.
-
Then maybe it’s not a
coincidence if this girl crossed my way. Listen, we will be very
careful,
right? But remember you don’t really control your new...
capabilities, and
maybe it comes from the fact you just left Lucie. Maybe we
shouldn’t treat this
girl as an enemy.
Vaincue,
Lauren hocha la tête.
-
I’ll try. But I’m
gonna keep an eye on her.
-
As long as I remain
the one you prefer looking at.
Pour
toute réponse, un oreiller vint s'écraser sur son
visage.
C’était
insensé les progrès de la technologie !
C’était
pour elle la première fois qu’elle prenait l’avion.
Elle se rappelait encore de
la fin du XIXème siècle ou les hommes rêvaient de
pouvoir voler, à en faire des
paris insensé en créant des objets toujours plus farfelus
et qui
immanquablement s’écrasait au sol avant même de
connaître le frisson des airs.
Remarquez, certains parvenaient à faire quelques mètres,
se prenant l’espace de
quelques secondes pour un rapace fondant sur sa proie. Mais le
résultat était
toujours le même.
Janna
s’assit sur le siège qui lui était destiné,
un grand
espace lui étant laissé pour allonger ses jambes. Elle
posa sa tête contre
l’appui et inspira une grande bouffée d’air. La
perte de ses pouvoirs avait
créé en elle une certaine appréhension quant
à la prise de risque. Cependant,
Kayla semblait confiante et lui avait donné pour mission de
retrouver la belle
fugitive. Elle ne put s’empêcher de ressentir un petit
pincement au cœur en
pensant à l’ancien hôte de Malhal. Elle
n’avait jamais ressenti de sentiments
aussi forts pour aucune des précédentes, à
l’exception de ce bref coït avec
l’unique garçon à avoir été
l’Hôte de Malhal.
«
Mademoiselle, désirez-vous quelque chose à boire ?
»
s’enquit la charmante hôtesse de l’air au sourire des
plus avenants.
Janna
se dit que tant qu’à être en première classe,
il
fallait voir les choses en grand. Les capitaux de sa patronne
semblaient
particulièrement important, alors pourquoi se priver. Janna se
demandait
d’ailleurs bien d’où cette manne financière
pouvait venir. Kayla n’était
revenue à la vie que depuis quelques mois à peine.
«
Une coupe de champagne sera parfaite, merci,
répondit-elle sur un ton enjoué qui l’étonna
elle même.
-
Très bien mademoiselle ».
Le
fait était que la perte de ses pouvoirs avait eu un
effet des plus inattendu. En effet, la mission qui lui incombait
jusqu’à
présent était révolue. Aucun nouvel hôte
n’allait prendre la suite de
Gabrielle. Elle serait
Mais
Janna fut tirée de sa rêverie par la petite sonnerie
stridente qui signalait le décollage de l’appareil. Le
pilote, un homme du nom
de Paul, allait les conduire jusque New York. Elle reprit une grande
inspiration et ne put se retenir de fermer les yeux lorsque
l’avion prit son
accélération et décolla avec un bruit
démentiel. Dieu qu’elle regrettait ses
pouvoirs…
Eve
était désorientée. Ses nuits étaient
peuplées de
réminiscences de Jessie et Angel.
Elle se réveillait
en sueur, la dualité de son esprit
La
nuit était déjà bien avancée, à ce
qu’elle constata en
regardant par
Elle
se leva et voulut se servir un jus d’orange quand un
spasme douloureux
Une
phase. Sa première phase.
Jamais
elles n’avaient été aussi violentes pour Jessie et Angel. Un flot de couleur pourpre
embrouilla sa
vision. Du sang. Des flashs.
Et
puis plus rien.
Le
silence. Un silence de mort.
Enfin
une image apparut, détachée des autres.
Une
seule.
Diana.
07:12
Arf,
c’était bien trop tôt pour
moi. Le soleil avait filtré à travers les maudits
rideaux. Je maudissait ces
pendrions qui semblaient avoir été inventés pour
systématiquement me faire
chier, il fallait l’avouer.
Je
me redressai sur mon derrière sur le petit sofa qui
m’avait servi de lit cette nuit. Une petite voix enjouée
finit de me tirer de
cette torpeur post-somatique. Diana se
tenait debout,
en plein milieu du salon, un petit plateau à la main.
«
I hope you’re hungry,
because I made breakfast! »
On
m’avait décidément menti sur les américains.
Ils étaient
vraiment adorables. Restait que je n’avais pas encore
rencontré les autres
millions d’amerloques en surpoids et munis d’une arme qui
peuplait ce charmant
pays fédéral.
“Thank
you so much, but
you shouldn’t have! I guess I’ve got to eat it now”,
répondit-je dans un
sourire. Cette fille était réellement un ange
et je n’allais certainement pas jouer ma rustre française.
Jusque
là mon niveau d’anglais me surprit. J’arrivais
à
comprendre mon hôtesse mais également à me faire
comprendre, ce qui en temps
normal et ce même en français était mission quasi
impossible ! Enfin tout
semblait se passer pour le mieux.
Nous
nous installâmes donc toutes les deux sur la petite
table du séjour et nous discutions de tout et de rien quand Lauren
fit son apparition. Vue la scène qu’elle avait du faire
à Diana
la veille, je me doutais bien qu’elle ne me portait pas
particulièrement dans
son cœur. Je me fis donc la plus petite possible et lança
un « Hello » des plus
amicaux à l’endroit de la colocataire et amante de Diana.
Elle me répondit d’un petit grognement plutôt gentil
à vrai dire et se dirigea
dans la cuisine pour se saisir d’une tasse.
Elle
nous rejoignit donc et commença à me questionner.
«
So Julie, what are you
doing in the
-
Hhm, I’m here to sing.
I left
-
No please, explain me,
répondit-elle sur un ton... visiblement intrigué.
J'avais
le sentiment qu'elle cherchait à m'extirper un
secret. C'était étrange
-
Lauren…please, intervint
doucement Diana et je l’aimais
d’autant plus pour
cela.
Tout
cela finissait par être réellement gênant. Mais je
n’étais pas au bout de mes surprises à vrai dire.
Mais alors que Lauren et Diana
s’étaient mises à discuter de leurs projets
en matière de décoration de leur appartement (du moins
c’est ce que je crus
comprendre), la porte de l’entrée vola en éclat
dans un fracas épouvantable,
arrachant de façon synchronisée un cri commun de notre
part à toutes les trois.
Une
forme passa à travers
«
Jess… I mean Eve, what
are you doing? commença Diana
-
Diana, are you alright,
I saw you in my dreams, you were in danger and…”
A
mesure que l’étrange créature débitait son
flot de
parole, je commençais à me poser d’étranges
questions. Comment cette fille
d’1m65 bien tassés avait pu faire subir à cette
porte new-yorkaise blindée un
châtiment aussi impitoyable. Les seules personnes que je savais
capables de
faire une chose pareille se trouvaient sur le vieux continent.
Je
ne tardai cependant pas à comprendre de quoi il
s’agissait.
Elle
m’avait retrouvée, Kayla m’avait retrouvée.
Et cette
fille, à en juger par sa force ne pouvait qu’être
une goule.
Sans
que personne ne le remarque, je glissai lentement ma
main sur la table et empoigna le petit couteau qui une seconde plus
tôt m’avait
servi à couper une tranche de ce fabuleux pain. Ma seconde main
passa sous
«
N’avance pas où je lui tranche la gorge, tu m’as
comprise
? »
Mon
pari était risqué, une goule se fichait
généralement
bien du destin d’une simple humaine. Surtout que je m’en
voulais de m’en
prendre à la seule personne qui m’avait aidée
depuis de nombreuses années.
«
Julie what are you
doing, are you out of your mind? dit en tremblant Diana.
-
Lâche-là, me lança celle qui semblait
s’appeler Eve.
-
Bien je constate que tu parles la langue de Molière, ce
qui confirme ma déduction précédente. Lauren, if
you make one more step,
I kill her, do you hear me ? »
Lauren
se figea à un mètre
derrière moi. Je la sentais bouillir de rage dans mon dos.
«
Eve, please do something,
dit-elle un soupçon de pleurs dans la voix.
-
Si j’étais toi je ne ferais rien de tel. Quels que soient
tes pouvoirs, les utiliser ne ferait qu’aggraver le cas de ton
amie.
-
Qu’est-ce que tu veux ? demanda-t-elle, diplomate,
apparemment surprise de si bien maîtriser ma langue.
-
Laisse moi quitter cet appartement et il n’y aura pas de
casse. Tu retrouveras ton amie entière.
-
Jamais de
-
Pour ensuite me livrer à Kayla, c’est bien ça ? Tu
me
crois stupide à ce point ?
-
Kayla ? Mais de quoi… »
Je
ne lui laissai pas le temps de poursuivre. Je levai ma
main libre et prononça deux mots en langue
hébraïque. L’effet fut instantané
puisque Eve sembla se figer. Elle porta la main à sa gorge et
suffoqua. Il ne
fallut pas plus de quelques secondes pour qu’elle
s’écroule au sol,
inconsciente. Je me retournai et fit subir à Lauren
le même sort. Diana hurla mais
d’un coup bien placé
je l’assommai. Elle serait mon seul salut et je décidai
donc de l’emmener avec
moi.
Je
la pris donc par le bras que je plaçai autour de mon
épaule et me dirigeai vers l’ascenseur. Arrivé en
bas de l’immeuble, je hélai
un taxi.
«
My friend
is a little
bit drunk. Don’t worry ».
Et
c’est ainsi que nous filâmes toutes les deux vers
Central Park.
Ce
fut avec une joie non dissimulée que Janna passa la
dernière
porte qui l’amenait à l’air libre. Elle prit un bon
bol d’air frais issu de la
climatisation, comme pour effacer le souvenir traumatisant de ce voyage
aller.
Certes, cela avait été rapide, ponctué de films de
série B et de coupes de
champagne, son constat était identique : l’avion
n’était pas fait pour elle.
C’était décidé, elle rentrerait à la
nage !
Elle
arriva donc dans le hall où les locaux accueillaient
les voyageurs. Elle chercha du regard un certain Georges qui
était censé la
guider dans les rues de New York mais ne vit rien. Aucune pancarte
« Janna Ishii » ne semblait
trôner au milieu des « John Doe
», « Emilie Dujardin » ou autre « Jeanne
Charpentier ».
Elle décida donc que le mieux était encore de sortir sur
l’aire des taxis. Elle
était, a priori, la seule femme asiatique à bord de cet
avion, si Georges était
un tant soit peu dégourdi, il la retrouverait sans mal. Soit dit
en passant, il
s’agissait d’un humain et les humains pouvaient être
si stupides.
Evolueraient-ils un jour ?
Alors
qu’elle s’apprêtait à passer la porte
tournante, une
voix retentit derrière elle, une voix qu’elle
n’avait pas entendue depuis plus
de deux siècles.
«
On ne dit plus bonjour à ses fidèles serviteurs ? »
Janna
se retourna donc pour faire face à la femme qui la
prenait à partie. Elle n’avait pas changé. Un
visage fin et pâle, surmonté de
deux perles d’un bleu profond. Un visage qui pouvait tour
à tour paraître
angélique et démoniaque.
«
Bonjour Nyrthi, se contenta de dire Janna.
-
Je suis ravie de constater que tu ne m’as pas oublié.
Remarque comment aurais-tu pu ? Après tout ce que nous avons
vécu ensemble.
-
Oui, je me souviens. Prague, à la recherche de
l’Hôte.
Quelle époque… soupira Janna. Mais je présume que
tu ne me rends pas une visite
de courtoisie. Viens-en au fait veux-tu.
-
Toi non plus tu n’as pas changée, toujours aussi directe.
Figure-toi que la rumeur parlait de ta venue en ville. Je me suis dit
que je
n’allais pas laisser un humain accomplir la tâche de
t’accueillir. Suis-moi,
notre voiture nous attends ».
Janna
était réellement surprise de trouver sa création
ici.
Aux dernières nouvelles, celle-ci avait été
tuée au milieu du XIXème
siècle par un anquira bien peu disposé à son
égard.
La vie réservait toujours des surprises.
Elles
arrivèrent devant une superbe limousine noire avec
vitres teintées. Nyrthi lui ouvrit la porte et Janna
s’engouffra dans le
véhicule. A peine entrée, elle trouva le corps d’un
homme exsangue, étendu sur
la banquette qui collait la vitre conducteur.
«
Georges je présume, dit Janna avec un sourire de reproche
à Nyrthi.
-
Lui même. Ces nouveaux riches ont un goût
détestable. La
noblesse me manque à un point que tu ne peux soupçonner
ma chère, répondit-elle
en riant aux éclats, arrivant même à dérider
Janna qui ne put réprimer un léger
éclat de rire.
-
Et le chauffeur ? Si tu ne le sais pas encore, je ne sais
pas conduire ces engins ridicules, je n’en ai jamais eu
l’utilité.
-
Tu me prends réellement pour une amatrice. Rappelle-toi
qui m’a formée ».
Et
alors qu’elle prononçait ces mots, la vitre conducteur
se baissa pour laisser apparaître un visage que Janna reconnut.
«
Ca alors, Hector ? s’étonna Janna. Toi aussi tu es
là !
-
Et oui maîtresse. Vous nous avez énormément
manqué ».
Janna
sourit en se remémorant les souvenirs de sa vie passée.
Hector était un adolescent qu’elle avait trouvé
dans une tranchée de la
première guerre mondiale. Il ne devait avoir plus de dix-sept
ans lorsqu’elle
l’avait trouvé.
«
Bon, après tout ça, je présume donc que vous ne
travaillez pas pour Kayla ? risqua-t-elle.
-
En effet, tu as raison. Nous sommes ici car toute notre
race a ressenti ce qui t’est arrivé. Ta perte de pouvoir.
Cela nous a été
intolérable. Les plus jeunes, pour la plupart, en sont morts,
car ils puisaient
leur énergie en toi. Ceux que tu as créés
puissants, comme Hector ou moi-même,
ont survécu sans trop de dommages.
-
Je n’en savais rien. L’une des goules que j’ai
créée l’an
passé a survécu.
-
Luc, c’est bien ça ? Tu as donné à ce
garçon bien trop de
pouvoir, tu le sais. Même moi il m’effraie.
-
Et donc, pourquoi cette entrevue ? relança Janna
-
Pour te rendre tes pouvoirs. Nous sommes ici pour te
proposer de te retransformer en l’une des nôtres ».
Janna
accusa le coup, elle n’avait pas vu venir cette
éventualité. Elle qui se faisait doucement à sa
soudaine mortalité, avait-elle
réellement le désir de retourner vers les ombres?
«
Je ne sais pas trop quoi répondre. Si tu le permets, je
souhaiterais y réfléchir.
-
Très bien c’est toi qui décides.
-
Maintenant, j’aurais besoin de ton aide, Kayla m’a
chargée de retrouver Julie, le dernier Hôte vivant de
Malhal.
-
Cette Kayla ne m’inspire pas confiance. Je la soupçonne
même d’être à l’origine de ta perte de
pouvoir.
-
Nous débattrons du sujet « Kayla » un autre jour
veux-tu.
Je suis encore sous l’emprise de cet avion de malheur. Dieu que
l’humanité est
un fardeau lourd à porter ! »
Janna
et ses deux créations éclatèrent de rire pour la
seconde fois. Elle ne savait pourquoi, mais elle aimait
déjà cette ville. Elle
semblait retrouver une insouciance perdue depuis si longtemps…
Diana
ouvrit doucement les yeux.
Sa vue était encore trouble et une douleur la lançait
à l’arrière de son crâne.
Elle ne savait trop pourquoi mais la couleur verte semblait
prédominer dans le
décor. Peu à peu sa vue lui revint et elle comprit. Elle
se trouvait au cœur de
Central Park, mais dans un endroit visiblement à
l’écart.
Elle
voulut bouger mais sentit que des liens l’entravaient.
Ses mains étaient nouées à l’aide d’un
lacet. Elle voulut parler mais ne le
put, un bâillon enfoncé dans son gosier. Elle leva les
yeux et reconnut Julie.
«
Ca y est, tu reviens à toi ! C’est pas trop tôt. Tu
vas
peut-être pouvoir m’expliquer tout ce cirque.
Qu’est-ce qu’une goule faisait
chez toi et surtout pourquoi semblait-elle te connaître ?
-
Mmmh mmh mmh
-
Ah oui, j’oubliais le bâillon. Si je te
l’enlève, me
jures-tu de ne pas crier ? »
Diana,
après un instant
d’hésitation hocha
-
Sorry, I didn’t understand
a single thing but I suppose you were talking about that thing in my
mouth,
dit-elle presque en s’excusant.
- Right,
dit Julie en ne pouvant s’empêcher de réprimer un
sourire.
- Now,
are you going to
explain to me what this is all about ?
-
Don't you dare tell me
you don't know! Who is Eve? Is she after me?
-
What? She don’t even
know you! It’s ridiculous, répondit Diana.
-
OK, so do you have an
explanation for her strength? She’s one of them, I know that.
-
You know about the
Daerens?! s’étonna Diana.
-
About what? What is
a Daeren?
s’enquit Julie de plus en plus perdue.
Diana
sembla prendre un moment de
reflexion. Pourquoi cette fille avait
réagi de façon
aussi violente.
-
Right, I’m starting to
get the point. There was a misunderstood I guess. She was in my flat
because
she thought I was in danger, and I’m starting to believe it too!
- So
you’re trying to
tell me that she isn’t a goule!
-
A what?
-
A sort of vampire,
expliqua Julie.
-
A sort of…”
Diana
ne put terminer sa phrase
car elle partit d’un bruyant fou rire.
«
Eve… a vampire… I
think you’re reading too much Julie. Eve isn’t evil.
Furthermore, she’s the
nicer person I’ve ever met. You couldn’t imagine how many
people she saved… I
mean before…
-
Before what?
Diana
commençait à sentir qu’elle
en avait trop dit. Il ne fallait pas compromettre Eve en mettant cette
fille
aux pouvoirs étranges au courant. Qui pouvait savoir si le
Dôme n’était pas
derrière tout ça encore une fois. Elle faisait confiance
à Lauren
et commençait à s’en vouloir de ne pas
l’avoir écoutée plus tôt.
-
Who are you ? commença Diana,
tentant de gagner du temps. Did you plan raping me when we first met?
-
What... NO, répondit Julie sur
-
What... Julie what do
you mea...
Mais
Diana ne put terminer sa phrase car les mots restèrent
coincés dans sa gorge. Elle leva les yeux vers celle en qui elle
avait cru
quelques heures auparavant pour constater un changement dans ses yeux.
Elle ne
comprenait pas mais sentait comme une intrusion dans sa tête.
-
Now Diana, listen to
me very carefully. I want you to tell me everything about Eve.
-
But...
-
REVEAL! cria Julie.
Et les
mots sortirent de sa bouche sans qu’elle puisse y
faire quoi que ce soit.
-
Before being Eve, she
was two persons in the same time. Jessie and Angel. Angel is… I
mean was, an alien, a
Daeren, that came into Jessie, her host. But for some time now, Jessie
and
Angel have melt and the result is… Eve”.
Julie
considéra son otage avec circonspection. La
prenait-elle pour une imbécile? Si on remplaçait Jessie
par Julie et Angel par Malhal, l’histoire aurait pu coller.
Encore un de ces
remakes à l’américaine, se surprit-elle à
penser.
Mais
Diana ne pouvait mentir, le sortilège était trop
puissant. Peut-être que cet Eve était ce que Malhal et
elle avaient été après
-
I’m sorry Diana, dit Julie en
libérant Diana de ses entraves
physiques et mentales.
-
Who the hell are you ?
demanda Diana, une pincée d’horreur dans les yeux.
- I
can’t explain this
to you now, I’m really sorry. I’m so sorry for everything.
But there are many
people after me, and I don’t know who to trust...
-
I don’t know Julie...
you’re acting very strange. I ... répondit
Diana sonnée
-
Please, led me to your
friend Eve, maybe she could help me...
- N'as-tu toujours
pas confiance en moi, Julie ?
Elles
étaient deux,
face à face, identiques et pourtant, si différentes si
l'on en jugeait par
leurs deux regards entremêlés. Cela rappela à Eve
le jour où Angel et Jess
s'étaient dédoublées, et elle en fut
profondément
troublée.
- Je ne sais plus
trop quoi croire. Pourquoi te ferais-je confiance ?
Son double avança
d'un pas.
- Julie,
écoute-moi…Nous avons partagé le même corps
pendant plus d'un an. Je pensais
que nous avions appris à nous connaître toutes les deux.
Regarde-moi bien dans
les yeux et dis-moi que tu ne me fais pas confiance.
- J'ai peur,
est-ce que tu peux le comprendre ?
Les choses se
précipitèrent. Celle qui n'était pas Julie
s'était approchée de l'autre et
l'avait soudainement mordue à
Chacune
de ses terminaisons nerveuses semblait être à vif.
Elle resta étendue quelques instants, attendant que la douleur
se dissipe. Une
sensation d'engourdissement lui fit place, et Eve se releva lentement.
Son
regard croisa alors celui de Lauren qui gisait près de la table
basse, revenant
elle aussi doucement à ses esprits.
Chancelant
à travers le salon, Eve se pencha vers son amie.
-
Are you okay ? fit-elle d'une voix éraillée.
Lauren
laissa échapper un
gémissement plaintif.
-
I feel like I drank
too much last night...
-
Have you already been drunk before ? rétorqua l'autre en arquant
un sourcil
septique.
-
Actually…no, admit la jeune fille en une grimace.
Eve
lui tendit une main secourable et Lauren
se releva péniblement. Avec des gestes lents et
précautionneux, toutes deux
prirent place sur le canapé. Alors seulement Lauren
sembla se souvenir de ce qui s'était passé.
-
Oh my god, she took
Diana away.
Elle
voulu se relever mais trop vite, et retomba assise
tandis qu'Eve la saisissait par les épaules.
-
Calm down, I don’t
think she’s gonna hurt her.
- Do you
actually
« believe » that ?
-
Right, I haven't really
had time to learn to know her, ironisa
-
I don’t know ! Diana
met her yesterday, and of course she found it very natural to bring
this girl
here. The only thing I know about her is that… can I say ?
Since the beginning
I've felt there was something really weird about her.
- As if
she was kind of
... broken?
-
Right, that’s exactly
what I felt. As if something very dark corrupted her soul... What makes you believe she
won’t hurt Diana?
Eve
eut une moue hésitante puis lâcha :
-
I think I collect
that… I mean I think she likes her.
Lauren
lâcha un profond soupir,
mêlant exaspération et fatigue. Néanmoins, les
propos de son amie l'avaient
quelque peu détendue. Elle-même n'avait-elle pas eu cette
agaçante sensation que
le courant passait trop bien entre Diana
et la jolie
folle qu'elle avait amenée à la maison ?
-
Alright, now it’s time
for you to give us some explanation. Why did you came, destroying our
door like
you did?
-
Because I got a phase…
-
It’s back then ?
-
Lauren let me finish, fit Eve en esquissant un sourire.
-
Excuse me.
-
A phase about this
girl I think.
-
You saw her before ?
-
I didn’t saw her
before, I saw another woman, an asian one… But I felt something,
and
finally I saw Diana. The thing is I remembered everything only this
morning, when
I woke up. So I came straight here and… even before going
through the first
door, I recognize this dark feeling… I knew she was with you
two. Sorry about the door,
conclut-elle, l'air penaud.
La
jeune fille fit un signe de la main pour signifier que
ce n'était pas important.
-
The boys will be very
happy to fix it. For now, the most important is to find Diana.
Eve
eut une grimace.
-
I can’t locate her. I bounded
my…access to your spirits, remember ?
-
Then try to locate
this Julie. Her “aura” should not be very discrete.
-
You’re right..
Le
regard d'Eve se fit alors très lointain, comme s'il
portait au delà des murs, au delà même du monde
physique. Elle demeura
parfaitement immobile et silencieuse durant quelques secondes, puis ses
yeux
basculèrent de nouveau sur Lauren.
-
So ?
-
It’s very strange. You know, this
dark trace in her...
-
Yes ?
-
I think there are many
more in town.
Des
millions d’interrogations hantaient mon esprit alors
que je marchais en compagnie de Diana dans les rues de New York.
Comment une
telle chose était possible ? J’étais très au
fait des activités « démoniaques »
qui avaient lieu sur la planète bleue. Les vampires, les
sorcières et autres
monstres existaient, j’en avais été témoin
à plusieurs reprises. Mais si les
extraterrestres se mêlaient à la partie, cela pouvait
commencer à devenir
extrêmement compliqué ! Nous étions
déjà bien assez nombreux. Mais la question
qui me taraudait était la raison pour laquelle ces soi-disant
aliens se trouvaient
parmi nous.
Alors
que nous marchions, Diana
tentait de m’expliquer l’objectif visé par les Daerens.
Ils seraient ici pour aider l’humanité à
évoluer. Dans ces conditions, je leur
souhaitais bonne chance car la tâche allait s’avérer
ardue ! Nous autres étions
une race des plus compliquées à faire évoluer.
Mais s’ils croyaient pouvoir
réussir, ils avaient ma bénédiction.
Diana
semblait inquiète. Elle ne
cessait visiblement de penser à Lauren
et à l’état
dans lequel je l’avais laissée. Je la rassurais en lui
assurant que le sort que
j’avais utilisé ne servait qu’à neutraliser
et non à tuer. De plus, depuis que
Malhal ne se trouvait plus en moi, les effets de mes soi-disant sorts
se
trouvaient amoindris. On ne se figure pas le pouvoir du sang.
Le
sang chargé de pouvoir est une arme redoutable. Chacune
de vos cellules entre en résonance avec votre esprit et vous
prenez conscience
combien votre potentiel de destruction est sous-utilisé. Je
n’avais pas encore
osé évoquer avec ma nouvelle amie-otage
les évènements
passés. Non que je les regrettais, il n’en restait pas
moins que je n’en étais
pas particulièrement fière. Cela avait beau avoir
été un époque grandiose de ma
courte existence, les marques indélébiles qu’elle a
laissées sur mon âme et ma
conscience étaient profonde. La culpabilité est une chose
que Malhal parvenait
aisément à effacer de votre esprit. Mais sans sa
présence, les sentiments
humains de base revenaient à la charge.
Alors
que nous tournions à l’angle d’une des innombrables
rues de New York, un spectacle inattendu s’offrit à moi.
Je pris Diana par le bras et la tira
à l’écart, nous dérobant au
regard des passants. Elle tenta de protester mais je lui intimai le
silence. Je
lui montrai du doigt la luxueuse limousine noire qui venait de se garer
devant
un grand hôtel.
Deux
femmes en sortirent. L’une m’était
complètement
inconnue mais je reconnus aisément
La
limousine démarra et disparut au lointain, laissant
Janna en compagnie de cette inconnue. Elles échangèrent
quelques paroles que je
ne pus capter d’aussi loin. Mais elles semblèrent se figer
à un instant. Janna
semblait ne pas comprendre mais l’inconnue tourna brutalement la
tête dans
notre direction.
Merde,
elle nous avait repérées.
«
Come on Diana, we have
to run !
-
But…
-
Just trust me, you
don’t want to cross their road”.
Nous
nous étions alors mises à courir. Je ne savais pas
vraiment où nous allions mais l’heure n’était
pas à
«
Diana, listen carefully.
Those
women are trying to take me. Please find your friend. She may be the
only
person able to stop them.
-
But how will we find
you? Julie, I can’t let you...
-
Just trust me,
Je
ne pus résister et lui déposa un baiser sur
Je
sortis en trombe du magasin et tombai nez à nez avec
Janna.
«
Ma douce, comme tu m’as manquée… » dit-elle
avec un
sourire carnassier.
Je
tentai le tout pour le tout et lui décochait une droite.
A ma grande surprise, elle ne vit pas le coup arriver et
s’effondra sur le sol.
Je ne pris pas le temps de comprendre et reprit ma course
effrénée.
Je
n’eus pas fait vingt mètres que je m’écrasai
contre une
femme et m’écroula au sol. Celle-ci ne sembla même
pas ébranlée par le choc. Je
levai les yeux vers celle que je devinais être une goule. Elle me
regarda avec
un sourire amusé.
«
Enchantée ma chère enfant. Mon nom est Nyrthi ».
A
l’évocation de ce nom, je frémis.
J’étais
morte.
Diana
avait vu l'étrange femme
aux yeux bleus et la jeune asiatique au regard ambre emmener Julie,
mais toutes
les trois avaient disparu avant même qu'elle n'ait pu franchir la
porte du
magasin. Les pensées se bousculaient dans sa tête tandis
qu'elle courrait en
direction de l'appartement. Encore une fois, elle récita
mentalement les mots
que lui avait appris la jeune fille. Elle n'arrivait pas vraiment
à en vouloir
à Julie, mais il n'en demeurait pas moins qu'elle l'effrayait.
Et qu'elle s'en
était prise à Lauren et Eve.
Lauren...
Diana
soupira intérieurement, à défaut d'assez de
souffle. Elle allait avoir droit à
un merveilleux "je te l'avais dit" à n'en pas douter. Un instant
elle
se demanda comment Julie avait pu avoir si facilement raison de la
confiance
qu'elle avait dans le jugement de Lauren.
Restait que
les choses n'étaient pas aussi simples... du moins le
supposait-elle. Après
tout sa mystérieuse sorcière française ne lui
avait pas tellement donné
d'explications...
Sa
course la mena, à bout de souffle, devant l'immeuble.
Elle songea qu'elle n'avait pas ses clefs mais le problème ne se
posa même pas
: la serrure pourtant blindée de la porte était
fracturée. Il est vrai qu'Eve
n'avait pas pris la peine de sonner. Elle grimpa quatre à quatre
les escaliers
et franchit d'un pas hésitant ce qui restait de sa porte. Lauren
et Eve, penchée sur la table, relevèrent la tête.
-
Are you okay ?
Sans
répondre, Lauren se leva
pour la prendre dans ses bras.
-
Next time you bring “a
friend” home, I want her to be DNA tested and completely
identified. grogna
t-elle.
-
Where is Julie ?
demanda alors Eve.
-
I don’t know but I
have a way to locate her.
-
That’s great because I can’t do it,
répondit la jeune fille en
désignant la carte de la ville étendue sur
Elle
échangea un regard avec Lauren.
-
Shadow... I get more
than one result. We were searching where she could have brought you in
such a
short time… only of course if time matters to her.
Elles
avaient apposées des croix au marqueur noir sur
divers emplacements du plan. Diana le saisit pour le poser sur le sol.
-
What are you doing
? s'enquit Lauren.
-
I feel like this won’t
please you...
Elle
se tourna vers Eve.
-
I had to explain to
Julie who you really was, I’m sorry, she forced me.
-
Did she hurt you ?
murmura Lauren.
-
No she… it seems like
she has similar power to yours Eve. She kind of penetrate my mind...
and I told
her everything.
Eve
poussa un soupir.
-
And who is
SHE ?
-
I don’t really know
that… The only thing I know is that she needs our help.
-
I beg you pardon ?
-
She freed me, she
didn’t want to hurt me… She thought
Eve
was…
Elle
déglutit, anticipant la réaction des deux jeunes
femmes.
-
A vampire.
Lauren
hocha lentement la tête.
-
Right, then she is a
young and very disturbed woman, who has cut links with reality, and
whose
connexion with the seventh level gave her some extrahuman
capabilities… résuma
t-elle d'un ton des plus sarcastiques.
-
It sounds crazy to me
too you know… Listen I don’t know if we should take this
vampire thing
seriously but she has very real enemies! Two
women took her
away and …
-
Was there an asian
woman ?
-
How do you know
that ?
Elle
sembla seulement réaliser que quelque chose lui avait
échappé.
-
And by the way… What
brought you here in such an energic way ?
-
Well...
Les
trois jeunes femmes se retrouvèrent dans la chambre du
luxueux hôtel.
Pourquoi
les deux démons ne l’avaient pas encore
exécutée ?
«
Je peux répondre à cette question ma chère enfant,
dit Nyrthi comme lisant dans les
pensées de Julie.
-
Faites donc ma « chère », répondit Julie sur
le ton du
sarcasme.
-
Apparemment, notre chère Janna a pour mission de te
ramener vivante auprès de Kayla, qui est, si je ne
m’abuse, ta mère.
-
Tiens donc. Et vous quel est votre rôle dans l’histoire ?
Vous êtes la servante de ma chère Janna ?
-
Tu te trompes mon enfant, je suis ici pour te tuer ».
Julie
ne put répondre et poussa un petit cri de surprise.
Janna semblait également ne pas savoir comment réagir et
se leva pour faire
face à Nyrthi. Elles
échangèrent un regard qui
semblait en dire long sur le désaccord de Janna.
«
Et que vas-tu faire ma bien aimée, m’en empêcher. Tu
n’as
même plus tes pouvoirs. Cette fille est la cause de tous nos
malheurs, et tu le
sais. Peut-être est-ce Kayla, peut-être est-ce
-
Comment oses-tu me parler ainsi Nyrthi
! Agenouille-toi devant ta créatrice ! répondit Janna de
la colère dans la
voix.
-
Tu n’es plus rien ma chère et tu ne l’as plus
été dés
l’instant où tu as refusé mon offre quant à
ta retransformation.
-
Je ne l’ai pas refusé, rétorqua-t-elle. Ne peux-tu
pas te
figurer ce que c’est de retrouver son humanité
après plus de dix siècles !
-
Je m’en moque, tu as fait ton choix à présent
».
Julie
jetait des regards désespérés à
l’endroit de Janna.
Elle la sentait de son côté. Mais elle ne parvenait
toujours pas à croire ce
que Nyrthi venait de dire. Avait-elle
réellement
perdu ses pouvoirs ? Dans ce cas, elles étaient à
présent toutes les deux à la
merci de cette goule au tempérament destructeur plus que
célèbre.
Il
fallait donc réagir très vite. Tenter de jeter un sort
serait ridicule face à une telle puissance, sachant de plus
qu’elle s’y
attendrait. Janna tentait de raisonner Nyrthi. Bien, elle ne pourrait
pas en
même temps lire les pensées de Julie. Cette
dernière fit un rapide examen de
«
Puis-je demander une dernière requête avant une mort
certaine, dit alors Julie, arrachant à Janna un regard
interrogatif.
-
Je t’en prie mon enfant, répondit ravie Nyrthi. Qu’est-ce que tu désires
avant ton dernier soupir ?
-
Une cigarette. Cela fait plus de trois mois que je n’en
ai pas allumé une, répondit hardie Julie.
-
Et bien si c’est ce que tu désires, tu seras
exaucée ».
Janna
ne semblait pas comprendre le manège de Julie mais se
doutait bien qu’elle tramait quelque chose. Nyrthi
fouilla dans la poche de sa veste à mille dollars et en sortit
un petit étui
doré dans lequel se trouvait une dizaine de cigarettes. Julie
s’approcha de
l’étrange couple et en prit une qu’elle porta
à ses lèvres. Nyrthi
sortit un briquet et lui alluma sa cigarette. Julie tira dessus et
exhala un
léger nuage bleu.
«
Aah, ça fait un bien fou, soupira-t-elle.
-
Ce sont des cigarettes françaises. Apprécie-là,
elle
risque d’être la dernière, lui répondit Nyrthi en
souriant.
-
Comme vous dîtes, elle « risque » d’être
la dernière ».
Et
aussi rapidement qu’elle le put elle enfonça sa
cigarette dans l’œil droit de la goule qui poussa un
hurlement atroce. Julie
lui retira vite le verre des mains et le cassa sur un coin de
«
Dépêchons-nous de partir, dit Janna, cela ne va pas la
retenir très longtemps.
-
Oui, allons nous-en ».
Elle
se précipitèrent vers la porte et sortirent de
l’hôtel
en courant, laissant une impression étrange au
réceptionniste.
Eve
avait finalement raconté ce qu'elle avait vu lors de la
phase, mais également le souvenir de Julie auquel elle avait pu
assister avant
de reprendre connaissance.
-
I think that when she
attacked me, she set up a connexion between us. This is just as if I had
accessed her memory.
What I saw… I
could recognize this feeling everywhere. I think Julie lived with this
double
what experienced Jess and Angel.
-
But the process had been
reversed ?
-
It seems so… because
even if there’s still something different about her, she’s
still a human. And… unique if you see what I mean.
Lauren
hocha
la tête.
-
I guess we have no
other choice, soupira t-elle. So, fit-elle
à l'intention de sa petite
amie, How are we supposed
to locate her
?
Diana
lui décocha son plus beau
sourire d'excuse.
-
Magically.
-
Magically, répéta
calemement Lauren.
-
I told you this
wouldn’t please you... But have you another explanation about the
way she
brought you two down?
-
I could have done
this… and I’m not a witch, avança Eve.
-
No matter the name ?
It’s
still about controling something with the mind…
Lauren
chercha le regard d'Eve en
guise de soutien mais celle-ci se contenta de hausser les
épaules.
-
Let’s do it… what
could be worse ...
-
Alright. But remember I warned you. So, how
do we proceed ?
Quelques
minutes plus tard, elles se trouvaient toutes les
trois au milieu de l’appartement, assises en tailleur autour de
la carte de la
ville, en se tenant les mains.
«
This is RI DI CU LOUS, finit par lancer Lauren.
Do you really believe that this
magic thing will work ?
-
Hush. I have to
concentrate”.
Eve
préféra ne rien dire. Elle observait les deux amies se
crêper le chignon à propos de cette fille qui
l’avait mise KO, elle censée être
l'un des êtres les plus puissants sur Terre. Elle avait des
sentiments plus que
contradictoires concernant Julie. Quelque part, elle avait le sentiment
de ne
pas être si différente d'elle.
Diana
ferma les yeux et plaça au
centre de leur petit cercle le plan de New York, conformément
aux indications
de Julie. Pourvu qu’elle n’ait pas quitté
«
May I say : « I told you ! »,
lança Lauren,
cynique.
-
I don’t understand. It
should have worked. Let me think. The words are French and my accent is
really
bad. Maybe you could
try Eve?”
Eve
ouvrit des yeux écarquillés devant son amie. Elle,
faire de la magie ? Certes elle s'était jointe à Diana,
mais son avis rejoignait celui de Lauren : tout ceci était
absurde. Mais
finalement, que risquait-elle ? Les trois amies refermèrent
alors les yeux et
Eve visualisa la jeune fille qui, par certains cotés, semblait
lui ressembler.
Elle prononça les mots en français et même si sa
voix manquait totalement de
conviction, le résultat ne se fit pas attendre très
longtemps. Elles ouvrirent
les yeux pour constater qu’un petit point rouge
s’était formé sur
«
Great, dit-elle, the
door, and know this. I just changed the fitted carpet. This girl only
brings us
troubles!
-
Let’s go. We have to
find her before it’s too late”.
Diana
enfourna le petit papier
dans son sac et somma ses amies de la suivre à
l’extérieur. Eve fut la dernière
à sortir et tourna la tête vers le sol calciné.
«
I have to wake up, I
have to wake up ».
«
Alors comme ça tu as perdu tes pouvoirs.
Janna
ne répondit pas, perdue dans ses pensées. Sa mission
n’avait pas changé, elle devait ramener Julie à
Kayla. Mais un détail semblait
avoir son importance. Sa jeune amie venait de lui sauver la vie, cela
conjugué
aux sentiments forts qu’elle ressentait pour elle. Dans quel
merdier elle
s’était encore mise !
Elles
se trouvaient toutes les deux sur un chantier
apparemment désert. Soit les ouvriers avaient pris une pose
déjeuner
astronomiquement longue, soit le chantier était à
l’abandon, ce qui semblait
l’hypothèse la plus probable. Certains tuyaux,
posés à même le sol commençaient
en effet à prendre la rouille.
«
Et maintenant, qu’allons-nous faire ? reprit Julie.
-
Je n’en sais absolument rien. Je viens seulement
d’apprendre que des milliers de goules, mes enfants, sont mortes
lorsque j’ai
perdu mes pouvoirs. Je suis encore un peu sous le choc. Et la mauvaise
nouvelle
c’est que les survivantes sont après Kayla et toi !
-
En terme clair : je suis dans la merde, c’est ce que tu
essaies de me dire, répondit Julie de façon
légère. Comme si ça me changeait de
d’habitude.
-
Sauf que cette fois-ci, je ne peux plus rien pour toi.
Mes pouvoirs ne sont plus là pour te protéger mon ange
».
Cette
dernière phrase résonna de manière
particulière dans
l’esprit de Julie. Tout démon qu’elle fut, elle
aimait Janna à
«
Regardez si ce n’est pas mignon. Les deux amantes unies
dans
Janna
et Julie firent volte face de concert pour se
retrouver face à Nyrthi qui
était perchée sur une
pelleteuse. La plaie à sa gorge ne se voyait déjà
presque plus, le privilège de
l’âge pensa Janna. Son œil, quant à lui,
n’avait rien de guéri. Il était clos
et recouvert d’une légère pellicule
blanchâtre.
«
Je vous laisse imaginer le regard horrible de la femme de
ménage lorsqu’elle m’a trouvé ainsi sur le
sol, peu après votre départ.
Remarquez, ce n’était rien en comparaison de son regard
lorsque je lui ai sauté
à la gorge pour la vider de son sang. Un peu aigre mais pas
désagréable ces
natifs du sud ».
Elle
prit son élan et sauta à quelques mètres devant
Julie
et Janna. Ces dernières eurent un mouvement de recul. Janna se
posta devant
Julie et fit face à Nyrthi.
«
Pourquoi fais-tu cela ? Si tu as le moindre respect pour
ce que je fus, laisse nous partir sans mal.
-
Mais tu es libre. Tu n’es pas concernée par cette
histoire. Je dois la détruire elle. Je veux juste être
certaine que la Bête ne
la possèdera plus jamais, nous mettant tous en péril.
-
Je refuse. Tu devras me tuer avant de la toucher ».
Julie
regarda Janna comme jamais elle ne l’avait regardée.
Elle se tenait là, sans aucun pouvoir, prenant sa défense
pour un combat
sensiblement perdu d’avance. Elle l’aima davantage
jusqu’à lui pardonner tous
les évènements précédents.
Mais
la scène réservait encore bien des surprises. En
effet, sans raison apparente, Nyrthi se retrouva projeté contre
un amas de
tubes métalliques. Julie tourna la tête vers
l’entrée du chantier pour
découvrir Eve entourée des deux saphines.
Eve
dévisagea ce qui effectivement semblait bien être un
"vampire" tandis que celle ci se relevait, découvrant dans un
sombre
rictus des crocs plus longs que
-
One of your creation, Janna ? demanda
t-elle à l'intention de la jeune femme asiatique.
Celle-ci
ne répondit rien, mais tourna son regard intrigué
vers Julie, en attente de réponse. La femme à l'oeil bleu
s'avançant déjà vers
elle, Eve prit une position défensive, mais n'eut pas le temps
d'esquisser un
geste que la créature la renvoya plusieurs mètres plus
loin d’un coup bien
placé. Elle retomba durement sur le sol, juste au dessous d'un
échafaudage, le
souffle coupé. Il n'y avait plus aucun doute quant à la non-humanité
de cette femme. La voyant revenir à la charge, la jeune fille se
redressa
péniblement. Elle savait pertinemment que sa force physique
était bien en deçà
de celle de
-
Pas des plus solides, commenta Nyrthi
en fixant le corps inanimé de ce qu'elle imaginait être
une seconde goule. A
qui le tour ?
Ce
n'était qu'une question rhétorique, à en juger par
la
façon dont elle s'approchait de Julie. Elle les tuerait toutes,
c'était
entendu, mais avant toute chose, elle accomplirait sa mission.
Détruire l'hôte.
Si Janna persistait à se mettre en travers de son chemin, elle
subirait le même
sort. Les deux autres filles, humaines, elle en était
sûre, lui servirait à
reprendre des forces.
Rien
de tout cela n'arriva. Nyrthi
ne put voir que trop tard le lourd tube métallique filer vers
elle comme une
flèche. Elle n'eut même pas le temps de crier.
Le
tube vint se ficher dans son thorax et la transperça de
part en part, lui arrachant un hoquet de surprise et un son des plus
désagréables. Elle chancela quelques secondes sur ses
jambes et s’écroula sur
le sol.
Derrière
elle, Eve, extraite des décombres, le souffle
court, tomba elle aussi sur le sol. Diana et Lauren
se précipitèrent et soufflèrent de joie en
constatant que leur amie n'était pas
gravement blessée, simplement à bout de forces. Janna et
Julie s’avancèrent
vers le trio new-yorkais. Julie passa devant Janna et se jeta dans les
bras de
Diana et Lauren.
«
How can I possibly
thank you ».
Eve,
assise en retrait, récupérait doucement, tout en fixant
d'un air triste et presque absent le corps sans vie de Nyrthi.
Janna resta plantée debout, les bras croisés à
observer
C’est
alors qu’une détonation se fit entendre, puis une
seconde. Julie leva incrédule les yeux vers Janna. Celle-ci se
trouvait
toujours debout, les yeux écarquillés. Elle baissa les
yeux vers son thorax et
constata la petite tâche rouge qui s’étendait sur sa
veste blanche. Julie se
leva et la rattrapa à temps avant qu’elle ne tombe.
«
Mon dieu, non, pleura-t-elle.
-
Et bien, on peut dire que cette fois ta mère a fait fort.
Je savais bien qu’elle m’avait éloignée de
Malhal pour se débarrasser de moi.
Elle va te mettre ça sur le dos, tu peux en être certaine.
-
Non, ce n’est pas possible ».
Julie
pleurait à chaudes larmes. Elle regarda celle qui
l’avait formée pendant si longtemps et s’essuya les
yeux. Son teint commençait
à pâlir. Elle tourna la tête vers l’origine de
la détonation et vit un homme
s’enfuir en courant. Elle ne savait plus quoi faire
lorsqu’elle aperçut enfin
le corps de Nyrthi qui se vidait de son
sang.
«
Fais moi confiance, tu vas vivre Janna ».
Elle
demanda de l’aide à Diana et
porta Janna jusqu’au corps de la goule morte.
«
Bois, si tu veux vivre. C’est ta seule chance ».
Et
Janna qui ne souhaitait pas mourir porta ses lèvres
jusqu’à la gorge de Nyrthi. Finalement j’accepte
ta proposition
pensa-t-elle. De ses dents elle déchira la peau encore fine des
événements
précédents et laissa le flot s’engouffrer dans sa
gorge. Elle grimaça un
instant et finit par savourer le liquide nacré. Elle but et but,
plus que de
raison et retomba violemment en arrière, bousculant Julie et
Diana par la même
occasion. Voilà donc ce que ressentaient les humains
qu’elle transformait. Elle
se contorsionna et puis plus rien. Le noir, la mort.
Un
instant après elle inspira un grand coup et toussa pour
évacuer le sang qui avait réussi à se frayer un
passage jusque ses poumons.
Elle était vivante. Elle fit une grimace en sentant la plaie due
à la balle se
refermer. Elle ouvrit grand les yeux et poussa un cri de douleur
tellement la
lumière lui faisait mal aux yeux. Elle savait que tout ceci
était temporaire.
Son corps se transformait et toute l’énergie requise
créait une photophobie.
Bientôt elle pourrait de nouveau marcher sous l’astre
solaire.
«
Janna, est-ce que ça va demanda Julie qui venait de voir
Janna ramper vers un coin d’ombre.
-
Très bien mon ange, répondit celle-ci rassurante. Tu
connais le processus, je vais devoir me tenir à
l’écart du soleil au moins 48
h. Tu sais que ça fait deux fois que tu me sauves la vie
aujourd’hui. C’est
plus que tu n’ais jamais fait sous l’empire de Malhal !
-
C’est que… je ne sais pas pourquoi. En plus tu es
censée
me ramener auprès de Kayla. En réalité, je dois
être folle à lier ».
Janna
sourit. Comme elle allait lui manquer. C’était
décidé, elle ne la ramènerait pas avec elle. Que
Kayla aille au diable, si ce
n’était déjà fait. Janna était
persuadée qu’elle était la cause de cette
tentative d’assassinat. Elle comptait bien lui faire payer, mais
à sa façon.
Et
bien me revoici encore sur un avion, en direction du
Mexique cette fois-ci. Janna avait contre toute attente retourné
sa veste et
avait décidé de ne pas me livrer à ma mère.
Elle s’était contentée de me donner
un baiser des plus passionnés et était partie sans un
mot. Mais avant son
départ elle m’avait donné une pierre de jade
qu’il fallait que je porte à tout
moment autour du coup pour que Kayla ne me retrouve jamais.
Diana,
Eve et Lauren
avait également été des amours. Elles avaient
demandé à un certain inspecteur
Riker de s’arranger pour que je quitte les
Etats-Unis sans encombre et il avait fait le nécessaire. Le
Mexique était-il la
destination la plus sûre, je n’en étais pas
persuadée. Mais à défaut d’autre
chose, c’était un pays assez simple pour un fugitif. Et
puis après l’anglais,
pourquoi ne pas travailler un peu mon espagnol !
Je
m’étais plusieurs fois excusée auprès de Lauren pour la porte de l’appartement et
Et
voilà, c’en était fini de Malhal, Kayla, Luc et
Janna.
Je n’allais plus entendre ces noms avant un long moment, au moins
l’espérais-je.
Mexico,
me voici.
FIN